Télécharger le texte de la
Déclaration sur les Devoirs envers les Langues et le Langage
(format PDF)
Adresse aux aventuriers d’aujourd’hui
Adresse aux aventuriers d’aujourd’huiIl y a, depuis 1789, une Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (a) qui joue un rôle d’importance, à travers le monde entier, comme arme éthique, intellectuelle et juridique dans les combats contre violences et injustices.Il y aura, au XXIe siècle, une Déclaration Universelle des Droit envers les Langues et les Cultures.Pourquoi ?- Parce que la prolifération, sur toute la planète, des luttes ethniques (tribales, régionales, nationales) montre bien qu’il faut que la communauté internationale se dote d’une arme juridique pour les contenir, sinon les éradiquer ;- Parce que ces luttes, qui empoisonnent les rapports entre les hommes dans le monde entier, sont la conséquence de la négation, plus ou moins violente selon les régions, d’identités collectives constituées par des langues, et des cultures au sens fort (comprenant les religions) ;- Parce que ce qui fait la force de la Déclaration des Droits de l’Homme, à savoir qu’elle ne considère que des individus pris isolément de leurs diverses appartenances (ethniques, linguistiques, sociales, religieuses) pour les traiter à égalité sur le plan de l’éthique et du droit, est...
Lire la suite ...« Un forum de la pensée du langage », Henri Meschonnic, La Dépêche du Midi, 18 mai 2001
« Un forum de la pensée du langage », Henri Meschonnic, La Dépêche du Midi, 18 mai 2001 Je ne vais pas jouer au politique. Je ne suis pas plus un politique que je ne suis un théologien. Ce qui est parfois la même chose. Mais il y a un devoir de la pensée. Un devoir d’intervention. Il est vrai que, au moins c’est ce que le vocabulaire a intégré avec Zola, c’est le rôle des intellectuels. Bien que ce rôle ait existé, même avant le mot, bien avant Zola. Symboliquement, le premier peut-être à le représenter, c’est Socrate. Qui se disait philologos. Ce qui ne voulait pas dire « philologue », mais discutailleur. Inventeur emblématique de la critique. De la pensée comme critique. C’est-à-dire de la pensée comme exercice de la liberté. Toutes les deux : la même. L’empêcheur de penser en rond, de dormir en parlant, comme on fait quand on confond la pensée et le maintien de l’ordre. Et les choses du langage sont un observatoire superbe pour voir notre monde comme celui de la belle au bois dormant : tous...
Lire la suite ...À propos de la proposition de nationalisation des langues et cultures de France par le Forom des Langues du Monde de Toulouse
À propos de la proposition de nationalisation deslangues et cultures de France par le Forom des Langues du Monde de ToulouseIl faudrait que tout le monde prenne conscience de l’importance historique qu’a l’amendement voté par l’Assemblée Nationale le 22 mai dernier à l’article 1 de la constitution, déclarant au sujet de la République française, que : « Les langues régionales appartiennent à son patrimoine ». Incluant ainsi ces langues dans à la fois l’histoire de France et l’histoire de la langue française, que François 1er en 1539 à Villers-Cotterêts avait déclarée – c’était contre le latin, à l’époque – seule langue de France, langue officielle des arrêtés officiels.Mais la réalité historique et géographique de la France était celle d’une pluralité de langues. L’abbé Grégoire en 1790, pour diffuser les idées révolutionnaires, la révolution partant de Paris, voulait éliminer les patois comme refuges de la féodalité et de la royauté. Encore à la fin du XIXe siècle la République luttait pour imposer le français langue nationale. Car il y avait huit ou neuf langues populaires. Encore en1914-1918, selon les régions, peu connaissaient la langue...
Lire la suite ...Introduction d’Henri Meschonnic
Le préambule de la « Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen » de 1789 tenait à rappeler « à tous les membres du corps social (…) sans cesse leurs droits et leurs devoirs ». À voir le monde aujourd’hui, il n’y a rien de changé, sinon que, comme le disait ce préambule, « l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de l’homme » se sont beaucoup aggravés. Mauvais état général des sociétés.D’où l’urgence d’inventer un rapport entre l’éthique et la politique qui est encore une utopie. Le paradoxe du langage est que c’est par lui, par lui seul que peut passer ce rapport. Or c’est le lieu d’une méconnaissance maximale. Et par le langage, j’entends la fonction d’expression de la pensée, et une langue est un système social de signes. Les implications ne sont pas les mêmes.Défendre le langage ? Mais il n’est pas attaqué. C’est pire : il est méconnu sans même qu’on le sache. Mais comment ? Avec tant d’études et de savoir. Justement, c’est ce qui est paradoxal, tout ce savoir ne sait pas qu’il produit de l’ignorance, une ignorance spécifique, et il...
Lire la suite ...La Déclaration
Art. 1 Il y a d'abord une spécificité à reconnaître aux choses du langage. Cette spécificité fait qu'on ne saurait simplement reporter sur ces questions le calque des déclarations connues sur les droits des êtreshumains et des collectivités. Se prononcer sur des droits suppose aussi de se prononcer sur des devoirs. L'un et l'autre présuppose une pensée de ce que sont et de ce que font les langues. Mais cette pensée semble plus active, envisagée entermes de devoirs. La spécificité des choses du langage suppose elle-même une pensée spécifique. Pour tenir tous les éléments que cette pensée suppose il est nécessaire de postuler que cette pensée doit être une critiqueperpétuelle de sa propre histoire, sous peine de ne pas penser son objet, mais de s'identifier à telle ou telle idée reçue concernant les langues et la langue. La première chose à reconnaître est que penser les langues suppose de penser ce qu'est une langue, ce qu'est la langue, et en quoi consiste historiquement et dans son état présent la pensée de la langue.Penser la langue soit se borne à ne...
Lire la suite ...